L'effondrement émotionnel, un article de Mélanie Ouimet sur le huffingtonpost.

Un extrait d'Aspie je t'M qui fait résonnance à ces crises tellement déstabilisantes ...
.... Mettre enfin un nom sur le
secret ne pouvait être pire que le secret lui-même qui avait bien souvent gâché
le peu de quotidien partagé provoquant des déchirements que ni lui ni moi ne
comprenions. Telle une implosion dévastatrice, ils nous
emportaient dans un fracas silencieux que nous ne savions maîtriser. Alors que
tout était beau, que tout devait bien se passer, il
survenait un je-ne-sais-quoi qui faisait subitement tout basculer. L’harmonie se brisait et
tout volait en éclats. Lorsque quelque chose contrariait Gabriel il se fermait,
instantanément jusqu’à en devenir impénétrable, il semblait alors être pris
dans une bulle qui n’était même pas transparente. C'était une bulle noire.
Noire comme son regard soudain, en dépit du bleu de ses yeux. Noire comme le
reproche qui pouvait tomber, glacial, autant que le silence qui pouvait
s'installer, implacable et tout aussi dénué pour moi d'explication. J’accusais
mal le coup. A mon tour je me fermais. Je devenais triste, ce qui n’arrangeait
rien car si Gabriel savait recevoir et partager la joie, il refusait toute
tristesse.
— Tu es trop susceptible, ça
m’agace. Et quand tu es triste ça m’agace encore plus, disait-il avec un ton de
reproche qui m'envoyait à mille lieues par le fond.
Ces
épisodes que j’avais du mal à comprendre me déstabilisaient complètement.
Gabriel était d'un naturel tendre, et je prenais ses démonstrations amoureuses
comme parfaitement sincères. Il savait se montrer prévenant, mais oubliait
aussi de l’être comme cette fois où il me laissa descendre seule une paroi
abrupte en montagne. Cette équipée périlleuse se solda par une chute dont je me
tirai avec plusieurs côtes fracturées. Ces négligences tranchaient avec une
gentillesse que j’avais maintes fois l’occasion d’observer. Je finis par
m’interroger sur la nature de celle-ci. Il aimait les chats et se flattait
qu'ils viennent facilement à lui. Qu’en était-il au fond de sa gentillesse
pour les humains ? Etait-elle la même que celle qu'il accordait, sans
concession, aux animaux, ou alors n’était-elle pas une gentillesse formatée,
une gentillesse obligée dont il avait appris certains codes mais dont d’autres
lui échappaient totalement ?
En dépit des incompréhensions et des vexations, notre amour restait fort et nous surmontions
ces crises qui ne duraient d’ailleurs pas très longtemps. Gabriel revenait vers
moi et tentait alors un geste réparateur. Avait-il l'intuition de ce qu’il
fallait faire ou bien l'avait-il appris quelque part ? Souvent le geste
était maladroit et n'arrivait pas spontanément. Gabriel hésitait longtemps. Sa
technique consistait à m'observer d’abord de loin avec un air sombre et ennuyé.
Il attendait un peu et finissait par avouer :
—
Je ne suis pas fier de moi.
Je sentais alors que c'était à moi
de l'aider pour que les choses reprennent leur place. Je prenais cet aveu comme
une demande de pardon et le lui accordais sans rancune. Je pensais qu'il en
était de même pour lui car nous n’en reparlions plus. J’eus toutefois
l'occasion de constater qu'il n'oubliait pas si facilement. Aspie je t'M. Chapitre 11. p. 90 / /// d'autres extraits de l'ouvrage en cliquant sur la vignette "extraits" ci-dessus, ou bien en cliquant sur le lien suivant https://mariedardillac.blogspot.com/p/entrez-dans-lhistoire.html
Merci à Mélanie Ouimet qui m'a fait parvenir un autre article également très éclairant sur l'effondrement émtionnel > http://neurodiversite.com/effondrement-autistique-et-automutilation/?fbclid=IwAR2k_YA-rMQ87VrSN7cavDgKf4d-QEb8c1JDmd4so5p8OvqUye_6Z3qUois (recopier le lien dans la barre de votre navigateur)
RépondreSupprimer